Lisez le livre Métaphysique de l'amour Métaphysique de la mort directement dans votre navigateur! Alors, dans la conscience qu’il a de travailler à des desseins plus élevés que le simple bonheur ou le malheur des individus, il en poursuit l’accomplissement avec une sublime impassibilité, au milieu du tumulte de la guerre, des agitations de la vie ou des ravages de la peste, ou même jusque dans la solitude du cloître. » Les dents ont aussi pour nous une grande importance, parce que le bon état en est essentiel à l’alimentation, et surtout se transmet par hérédité. Or cet intérêt si digne de remarque confirme deux vérités exposées dans les chapitres précédents : Qu’une femme intelligente et cultivée prise l’intelligence et l’esprit chez un homme ; qu’un homme prudent et réfléchi éprouve le caractère de sa fiancée et en tienne compte, voilà qui ne fait rien à la chose dont il s’agit ici : cet examen ne peut servir de fondement qu’à un choix raisonnable en vue du mariage, et non à un amour passionné ; or c’est là le thème dont nous nous occupons. Par exemple un homme très blanc ne sera pas rebuté par un teint jaunâtre ; mais un homme au teint jaune trouvera divinement belle une face d’une blancheur éclatante. – Nous devons commencer par dire que l’homme est, de nature, porté à l’inconstance en amour, et la femme à la constance. Je trouve des exemples de ce genre de comédie dans deux petites pièces très connues : La reine de seize ans et Le mariage de raison. 8 0 obj Aussi, la pièce finie, quitte-t-il avec confiance les amants victorieux, plein avec eux de cette illusion qu’ils ont fondé leur propre bonheur, quand ils n’ont fait que le sacrifier au bien de l’espèce contre la volonté de parents prévoyants. Facebook : La culture ne s’hérite pas elle se conquiert ARTHUR SCHOPENHAU ER Métaphysique de l’amour Chapitre 44 des Suppléments du Monde comme volonté et comme représentation T RADUIT EN FRANÇAIS PARA. Il existe également d'autres livres de Vincent Stanek. Le profond sérieux avec lequel l’homme examine chaque partie du corps de la femme, et réciproquement, le soin scrupuleux avec lequel nous inspectons une femme qui commence à nous plaire, l’obstination de notre choix, l’attention minutieuse avec laquelle le fiancé observe sa promise, ses précautions pour n’être trompé sur aucun point, la grande importance qu’il attache à la plus ou moins grande perfection des parties essentielles, – tout cela est bien en rapport avec l’importance du but. – La seconde considération est celle de la santé : les maladies aiguës n’apportent qu’un trouble momentané, mais les maladies chroniques ou les cachexies sont des motifs d’éloignement, car elles se peuvent transmettre à l’enfant. La femme, par exemple, est-elle un peu contrefaite : l’enfant pourra parfaitement naître bossu, et ainsi du reste. Nous avons conscience d’exercer une action dans cette question d’une importance si transcendante. Aussi l’homme cherche-t-il toujours d’autres femmes ; la femme, au contraire, s’attache fermement à un seul homme, car la nature la pousse, d’instinct et sans réflexion, à conserver celui qui doit nourrir et protéger l’enfant à naître. Métaphysique de l'Amour - - Arthur Schopenhauer -
Dans ce texte fondamental, l'auteur s'interroge notamment sur la nature véritable du sentiment amoureux et sa relation avec l'instinct sexuel. Nous l’avons reconnu, le choix minutieux et capable de s’élever, par d’innombrables degrés, jusqu’à l’amour passionné, ce choix apporté par l’homme à la satisfaction de l’instinct sexuel, repose sur l’intérêt des plus sérieux que l’homme prend à la constitution spéciale et individuelle de la génération future. – Le cas, très rare, d’un homme qui s’éprend d’une femme vraiment laide se présente lorsque, en raison de l’harmonie absolue, mentionnée plus haut, de leurs degrés de sexualité, toutes les anomalies de la femme sont directement opposées aux siennes, c’est-à-dire en sont le correctif. Des hommes au corps et aux membres très grêles et très allongés peuvent trouver beau un corps ramassé sur lui-même et trop court. 10.). Or cette essence intime est justement ce qui fait la base et comme la substance de notre propre conscience ; c’est par là un élément plus immédiat pour nous que cette conscience même, et, libre du principe d'individuation en tant que chose en soi, c’est proprement l’élément un et identique dans tous les individus, qu’ils soient placés sur le même plan ou l’un à la suite de l’autre. Ici se placent maintenant les dernières considérations relatives, fondées sur cette tendance de chacun à faire compenser par l’autre ses propres faiblesses, ses défauts, les déviations du type qui existent en lui, pour qu’elles ne se perpétuent pas dans l’enfant qui doit naître et ne deviennent pas en lui des anomalies monstrueuses. 2- Pour plus de détails, voir, sur ce sujet, Parerga, vol. Aux plus hauts degrés de la passion, cette chimère brille d’un tel éclat que, si la réalité n’y peut être conforme, la vie même perd tout son charme et paraît dès lors si vide de joie, si fade, si fastidieuse, que le dégoût triomphe des craintes provoquées par la mort ; parfois il peut pousser l’homme à abréger volontairement sa vie. %��������� La passion de l’amour, l'ιμερος, que les poètes de tous les temps ne cessent de peindre sous ses multiples aspects, sans pouvoir épuiser le sujet, sans pouvoir même le traiter d’une façon digne de lui, cette passion qui attache ainsi à la possession d’une femme déterminée l’idée d’un bonheur sans fin, et celle d’une douleur inexprimable à la pensée de ne pouvoir posséder cette femme, – ce désir et cette souffrance d’un cœur amoureux ne peuvent avoir pour unique matière les besoins d’un individu éphémère ; mais ce sont les soupirs de joie du Génie de l’espèce, quand il réussit à profiter d’une occasion unique de réaliser ses projets, ou ses profonds gémissements lorsqu’il en perd une. [Ainsi l’a voulu Vénus ; elle se plaît, par un jeu cruel, à envoyer sous le joug d’airain des corps et des esprits mal assortis.] C’est ici qu’il convient de rappeler la haute importance que nous attachons à la petitesse du pied, importance fondée sur ce fait que les pieds constituent un caractère essentiel de l’espèce : aucun animal, en effet, n’a le tarse et le métatarse, considérés dans leur ensemble, aussi petits que l’homme, ce qui est en connexion avec sa position verticale dans la marche ; c’est un plantigrade. Cette valeur infinie que l’on attribue à la femme aimée ne peut reposer sur quelques qualités intellectuelles, ou sur des qualités objectives, réelles, d’abord parce que souvent son amant ne la connaît pas assez bien : tel était le cas de Pétrarque. Remarquons bien qu’il n’est question ici que de cette attraction immédiate, instinctive, seule capable de faire naître un amour vraiment passionné. L’esprit de l’espèce, qui s’était emparé de l’individu, lui rend la liberté. Du résultat de cette méditation dépend la force de leur sympathie et de leurs désirs réciproques. C’est qu’au fond il ne cherche pas son intérêt, mais celui d’un tiers, encore à naître, tout enveloppé qu’il est de l’illusion que ce qu’il cherche est son intérêt. Les individus blonds recherchent toujours les noirs ou les bruns ; mais l’inverse se produit rarement. L’homme peut, sans peine, engendrer en une année plus de cent enfants, s’il a à sa disposition un nombre égal de femmes, tandis qu’une femme, même avec un pareil nombre d’hommes, ne pourrait toujours mettre au monde qu’un enfant dans l’année (je laisse de côté les naissances jumelles). C’est le point qui restera à jamais inaccessible à toute intelligence humaine, en vertu même de sa nature. Mais la volonté de l’espèce est tellement supérieure à celle de l’individu, que l’amant ferme les yeux sur toutes ces qualités contraires à son goût, qu’il passe sur tout et ne veut rien connaître, pour s’unir à jamais avec l’objet de sa passion : si complet est l’aveuglement produit par cette illusion, qui, la volonté de l’espèce une fois remplie, s’évanouit aussitôt et ne lui laisse qu’une odieuse compagne de vie. [Je ne demande pas, je ne m’inquiète pas de savoir si ton cœur est coupable : je t’aime, je le sais, quelle que tu sois.] 693 [Aima-t-il jamais, qui n’aima pas au premier regard ?] Une légère courbure du nez, vers le bas ou vers le haut, a décidé du bonheur d’innombrables jeunes filles, et cela justement, car c’est le type de l’espèce qui est en question. Nous verrons ici la femme généralement attirée par les qualités du cœur et du caractère dans l’homme, – car l’enfant les tient de son père. Mais ici tous ces sentiments sont emprisonnés dans l’étroite poitrine d’un mortel : il n’est donc pas étonnant que celle-ci paraisse vouloir éclater et ne trouve nul moyen d’exprimer cette attente d’infinie volupté ou de malheur infini qui remplit son âme. L’instinct leur apprend dans quelle mesure le rapport convenable existe entre eux deux, et, en sus des autres considérations relatives, c’est là le principe des plus grandes passions. Le postkantisme de Schopenhauer est donc radicalement distinct de celui d'un Fichte, … endstream L'amour n'est-il pas en effet l'expression d'une forme d'égoïsme visant à satisfaire le plaisir individuel et la volonté inscrite au plus profond de chacun de perpétuer … Cest là dordinaire le thème principal de toutes les œuvres dramatiques, tragiques ou comiques, romantiques ou classiques, hindoues ou européennes ; de même lamour fournit la matière de presque toute la poésie lyrique et épique ; je laisse de côté ces montagnes de romans que chaque année fait naître dans tous les pays civilisés de lEurope avec la même régularité que les fruits de la terre, … Le désir qu’elles provoquent acquiert une violence qui, supérieure à toute autre passion, rend l’homme prêt à tous les sacrifices, et peut le conduire, dans le cas où toute espérance de réalisation lui est irrévocablement défendue, à la démence ou même au suicide. ��r��CS4%�cD& !1AQa"q�2��B#��R�3�S$�� ? Schopenhauer se veut le véritable successeur de Kant, capable de résoudre la crise ouverte par la philosophie critique sans en trahir les résultats. There are 0 items in your cart. La métaphysique de la volonté. %PDF-1.3 Abandonné par lui, l’individu retombe dans ses bornes et dans sa misère originelles ; il voit avec étonnement que toutes ces aspirations si hautes, si héroïques, si infinies, ne lui ont rien procuré de plus pour sa jouissance que ce que fournit toute autre satisfaction de l’instinct sexuel ; contre son attente, il ne se trouve pas plus heureux qu’avant. Retrouvez toutes les phrases célèbres d'Arthur Schopenhauer parmi une sélection de + de 100 000 citations célèbres provenant d'ouvrages, d'interviews ou de discours. – La quatrième considération est une certaine plénitude des chairs, c’est-à-dire une prédominance de la fonction végétative, de la plasticité, qui promet au fœtus une copieuse nourriture ; aussi une extrême maigreur nous inspire-t-elle une aversion singulière. – C’est l’inverse pour les mariages de convenance, conclus presque toujours d’après le choix des parents. Recherchez un livre La métaphysique de Schopenhauer en format PDF sur odpsemetenscene.fr. I ask not, I care not,  Cette aspiration métaphysique de la volonté n’a d’autre sphère d’action dans la série des êtres que les cœurs des parents futurs : saisis alors d’une ardente passion, ceux-ci s’imaginent désirer pour leur propre compte ce qui pour le moment n’a qu’un but purement métaphysique, c’est-à-dire placé en dehors de la série des choses réellement existantes. La Métaphysique de l'amour n'est pas un livre publié de Schopenhauer (1788-1860), mais un complément au livre IV de son gros oeuvre intitulé Le Monde comme Volonté et comme représentation, publié en 1818.On dit malicieusement de lui qu'il est l'homme d'un seul livre, car en effet il n'a cessé de parfaire son texte primitif. puissé-je connaître quelque chose de plus affreux encore pour en faire une imprécation ! Et c’est bien à cela que tout se réduit ; la preuve en est que cette grande passion, aussi bien que toutes les autres, s’éteint par la jouissance, à la grande surprise des amants. �� �� �� � endobj Formas atque animos sub juga ænea Cette analyse si minutieuse, c’est la méditation du génie de l’espèce sur l’individu qui peut naître d’eux et la combinaison de ses qualités. Le moyen d’y parvenir, c’est de rechercher de plus près les considérations qui nous dirigent dans notre choix et de les examiner dans le détail, quelque étrange figure que puissent faire dans un ouvrage philosophique les particularités que je vais signaler ici. [Toi, tyran des dieux et des hommes, Eros !] C’est un témoignage donné par l’homme que l’espèce le touche de plus près que l’individu, et qu’il est plus immédiatement dans la première que dans le second. Shakespeare, you like it, III, 5. » Et si quelqu’un s’en indignait, je n’aurais qu’à lui rappeler l’éclatante indulgence avec laquelle le Sauveur, dans l’Évangile, traite la femme adultère, en supposant tous les spectateurs coupables de la même faute. << /ProcSet [ /PDF /Text /ImageB /ImageC /ImageI ] /ColorSpace << /Cs1 7 0 R Car il est placé sous l’empire d’une impulsion qui, analogue à l’instinct des insectes, le force, en dépit de tous les arguments de la raison, à poursuivre son but sans réserve, et à dédaigner tout le reste : il ne peut s’y soustraire. La jeune fille qui, sans se rendre aux conseils de ses parents, repousse la proposition de mariage d’un homme riche et jeune encore, pour oublier toutes les considérations de convenance et régler son choix sur sa seule inclination instinctive, sacrifie son bonheur personnel à celui de l’espèce. Par là seulement s’explique que nous voyons souvent des hommes très raisonnables, et même distingués, unis avec des monstres et des mégères, sans comprendre comment ils ont pu faire un tel choix. Mais extérieurement ou objectivement, cet instinct, chez les animaux qu’il domine en maître, chez les insectes surtout, se manifeste à nous par une prédominance du système ganglionnaire, c’est-à-dire du système nerveux qui est subjectif, sur le système cérébral, qui est objectif ; d’où l’on peut conclure qu’ils sont poussés à agir moins par une conception exacte des choses en soi que par des représentations subjectives, sources du désir, dues elles-mêmes à l’influence du système ganglionnaire sur le cerveau, c’est-à-dire enfin par une certaine illusion ; voilà le processus physiologique de tout instinct. Dans l’amour des sexes, la nature tend à revenir à la chevelure sombre et aux yeux bruns, c’est-à-dire au type primitif, mais la couleur blanche de la peau est devenue une seconde nature, pas au point cependant que la couleur brune des Hindous nous semble repoussante. Ces considérations sont de plusieurs sortes : les unes concernent directement le type de l’espèce, c’est-à-dire la beauté, d’autres ont trait aux qualités psychiques ; il en est d’autres enfin toutes relatives : elles proviennent de la nécessité de corriger ou de neutraliser les unes par les autres les imperfections et les anomalies des deux individus. B) Schopenhauer, premier philosophe de l’amour sexuel Cependant, malgré la réalité et l’importance de l’amour sexuel, de la passion amoureuse, aucun philosophe ne s’en est préoccupé ou du moins pas correctement, aucune explication valable n’a était fournie par la philosophie, d’après Schopenhauer. C’est qu’une chevelure blonde et des yeux bleus constituent déjà une variété, presque une grosse anomalie, comme les souris blanches, ou, pour le moins, les chevaux blancs ; cette variété n’appartient en propre à aucune autre partie du monde, pas même au voisinage des pôles, mais à la seule Europe, et est évidemment d’origine Scandinave. L’honneur, qui jusqu’alors l’avait emporté sur tout autre intérêt, est vaincu ici, dès que l’intérêt de l’espèce entre en jeu et a en vue un avantage assuré, car l’intérêt de l’espèce surpasse infiniment l’intérêt de l’individu, si important qu’il soit. En premier lieu, toute sexualité est spécialisation. Sur son existence postérieure nous manquons de notions précises, nous manquons même de données pour nous en faire une idée. Mais ce fait même de ne pas chercher son bien, toujours et partout marque de la grandeur, est ce qui donne à l’amour passionné une couleur sublime et en fait un digne sujet de poésie. Product Tags: Psychologie. Liste des citations d'Arthur Schopenhauer sur amour classées par thématique. Oui, il se peut même qu’un amoureux reconnaisse clairement les insupportables défauts de tempérament et de caractère de sa fiancée qui lui promettent une vie de tourments, il se peut qu’il les ressente avec amertume, et que malgré tout il ne se laisse pas rebuter. En fait, le génie de l’espèce est partout en guerre avec les génies protecteurs des individus ; il est leur persécuteur et leur ennemi, toujours prêt à détruire sans merci le bonheur personnel, pour assurer l’accomplissement de ses desseins ; oui, le bonheur de nations entières a été parfois sacrifié à ses caprices : Shakespeare nous en donne un exemple dans Henri VI, partie III, acte III, sc. Auprès de l’importance de ce haut intérêt de l’espèce et des générations à venir, les intérêts des individus, dans tout leur ensemble éphémère, sont tout à fait insignifiants : aussi le génie est-il toujours prêt à les sacrifier sans en tenir compte.